Tout d’abord, la création d’une telle fête est possible, et comme elle ne crée pas de norme juridique nouvelle, ni de jour férié, il n’est pas nécessaire de lui appliquer un cadre légal classique[1], à savoir celui de la navette parlementaire.

Ainsi, le Président ou le ministre concerné peut décider de sa création par décret ou via une circulaire sans passer par une loi, comme ce fut le cas en 2015[2] avec la journée de la laïcité. Néanmoins, son institutionnalisation récente au sein de la fonction publique, par la création d’un référent laïcité, a dû passer par une loi[3].

La création de la fête nationale du sport pourrait donc tout simplement suivre le même schéma que celle de la musique.

La fête de la musique a la particularité de n’avoir, ni été adoptée par une loi votée au Parlement, ni par un décret officiel. Il s’agit plutôt d’une initiative gouvernementale lancée par le ministre de la Culture, Jack Lang, en 1982. Elle a été mise en place directement par le ministère de la Culture, sous forme d’une opération culturelle[4].

L’objectif était de lancer rapidement cette fête pour célébrer la musique le 21 juin 1982, à l’occasion du solstice d’été, en suivant une approche souple et festive, sans passer par une procédure législative. Elle est donc née d’une décision ministérielle. En l’espèce, il s’agira d’une décision présidentielle.

Finalement, la création de cette fête est-elle pertinente ?

La création d'une fête nationale est une décision symbolique qui vise à commémorer un événement ou quelque chose d’important pour une population, permettant de fédérer cette dernière.

En l’occurrence, le sport remplit cette fonction, ne serait-ce que par la popularité de certaines disciplines au niveau national, telles que le foot ou le tennis[5]. De plus, les succès des Jeux Olympiques et Paralympiques ont permis de mettre la lumière sur certaines disciplines sportives et auraient incité les Français à pratiquer davantage de sport d’après un sondage mené par Odoxa[6].

Ensuite, la date choisie par Emmanuel Macron, le 14 septembre[7], coïncide avec celle de la parade des athlètes médaillés, des volontaires et organisateurs de ces Jeux.

Aussi, le sport était déjà célébré de façon moins formelle un peu partout en métropole : en Île-de-France fin septembre ou encore dans le Calvados vers la mi-juin[8]. De sorte que, cette fête en dehors de laisser un souvenir des Jeux Olympiques après leur clôture, permet d’affirmer l’importance du sport dans notre société.

Finalement, après son instauration, il restera à voir si le public sera au rendez-vous chaque 14 septembre, car si le Président entend créer une fête similaire à celle de la musique, il ne faut pas oublier que la popularité de l'événement et son exportation à l’international[9], ont participé à son succès et à la pérennité de cette dernière.

___

1 Article l3133-1 du code du travail qui énumère uniquement les jours fériés.

2 Circulaire n°2015-182 du 28 octobre 2015

3 Loi n°2021-1109 du 24 août 2021

4 (16 juin 2020). «  Historique de la fête de la musique », Ministère de la culture.  https://fetedelamusique.culture.gouv.fr/L-evenement/historique-de-la-fete-de-la-musique

5 « Part des français suivant une sélection de sports en 2023 », Statista.  https://fr.statista.com/previsions/1401908/sports-favoris-france#:~:text=Les%20sports%20les%20plus%20suivis%20en%20France%202023&text=Le%20Basketball%20était%20le%20sport,le%20plus%20suivi%20en%20France.

6 (26 juillet 2024). Sondage « Les JO sont ‘‘bons pour la santé’’ », Odoxa. https://www.odoxa.fr/sondage/les-jo-sont-bons-pour-la-sante/

7 BIENVAULT, A., avec AFP, (13 septembre 2024). « Emmanuel Macron veut instaurer une fête nationale du sport tous les 14 septembre », Europe 1. https://www.europe1.fr/politique/emmanuel-macron-veut-instaurer-une-fete-nationale-du-sport-tous-les-14-septembre-4267391

8 Fête du sport 2018 à la Villette & CODS Calvados.

9 Charte de la Fête européenne de la Musique signée à Budapest en 1997.