« Carte d’identité musicale de Clara Assan et de son nouvel album Déconstruite »
Par Charline Hoye,
Rédactrice en chef du pôle Sciences Humaines et Sociales,
Étudiante en Master I – Histoire de la philosophie
Bonjour Clara, présente toi rapidement.
Je m'appelle Clara Assan, j’ai 20 ans, je suis en Master 1 de littérature française et Licence 3 d’esthétique et sciences de l’art à Paris I. J’ai une formation classique en piano, je chante, et je fais semblant de jouer de la guitare.
Quelles ont été tes inspirations pour cet album ?
J’avais déjà fait un album il y a plusieurs années qui était en anglais et où je m’inspirais beaucoup de musique américaine. Pour cet album là, j’avais besoin d’écrire en français, je me suis beaucoup inspirée de la chanson française. Il y a beaucoup d’artistes de l’époque de mes parents, typiquement France Gall, Françoise Hardy, qui sont forcément inspirants parce que j’ai grandi avec. Mais sinon, moi, j’écoute beaucoup Pomme et Ben Mazué, des artistes qui accordent de l’importance aux paroles, dans un style un peu tranquillou…
Pourquoi choisir de passer au français pour cet album là ?
Ça s'est un peu imposé comme une évidence. Ça s'est passé il y a un an ou deux, quand j’ai commencé à écrire l’album, je n’arrivais plus à transmettre ce que je ressentais vraiment en anglais. Là, j’utilise ma langue de tous les jours, mes mots de tous les jours. Il fallait que ça me soit plus évident… C’était aussi une époque où j’arrivais peut-être mieux à assumer mes sentiments et mes émotions, je voulais les faire passer par la musique.
Par rapport à cet album, qui est assez mélancolique, est-ce que tu aurais envie de changer de genre, de ton dans le futur ?
J’ai envie de pleurer toute ma vie. Non, non, honnêtement, actuellement, j’ai envie de faire des choses plus joyeuses. Il y a un an ou deux, j’avais besoin de transmettre des émotions un peu plus tristes. Quoique toutes les chansons de mon album ne sont pas si tristes. Musicalement, les mélodies sont mélancoliques. Mais il a aussi l’idée de gratitude avec "Merci" ; c’était pas de la rancœur qui motivait mon album, il y avait de la gratitude, de la nostalgie... J’aimerais écrire des chansons plus heureuses, mais ça suppose des moyens que je ne maîtrise pas forcément, comme les rythmiques.
Ton album est truffé de collaborations, tu penses continuer à travailler avec d’autres artistes ?
Ouais, dans mon album, j’ai travaillé avec mon ami du lycée Mohamed Barouni. Il fait du piano, il dirige des orchestres. Aujourd’hui, on continue à travailler ensemble. Il s’occupe plus de la musique, moi je vais plutôt lire des textes, ou en écrire. On mélange un peu musique et littérature, et on continue des projets.
Je m’allie avec des amis, je voulais que ce soit des gens proches de moi. J’ai une autre amie de la fac qui joue de la guitare dans "Merci". Les cœurs dans "Merci", c’est des amis à moi, on s’était retrouvés à la campagne, c’est super.
Décris moi une de tes musiques, raconte nous son histoire, sa genèse…
J’ai envie de parler de "Sur la plage", la première chanson que j’ai composée pour cet album. Elle m’a donné envie de le continuer. Ça faisait très longtemps que je n'avais pas écrit en français, et il y avait vraiment quelque chose d’assez bizarre, des mots qui venaient dans ma tête. Ils étaient ce que je voulais dire, et c’est vraiment ce qu’il s’est passé pendant tout l’album : ce sentiment de vérité, qui a commencé avec "Sur la plage". C’est une chanson assez métaphorique, il y a des images, des références personnelles, qui se rapportent à des moments que j’ai vécus. "Sur la plage", ça vient d’un tableau que j’avais vu l’été d’avant, qui m’a fait penser à la personne avec qui j’avais vécu cette histoire.
Pourquoi avoir mélangé l'œuvre d’art à ton expérience ?
Il y avait ce point commun du lieu, qui rassemblait déjà les deux ensembles. Aussi, je pense que "Sur la plage" a été une forme de porte d’entrée dans le français pour moi. J’avais peur de parler d’une manière très triviale, donc m’aider d’une œuvre d’art m’a permis d’y arriver.
Question un peu plus philosophique : tu penses que ta musique doit être un art engagé, un art qui « veut dire quelque chose », ou plutôt une expression directe de tes sentiments, sans message particulier ?
Je trouve que la musique engagée peut être extrêmement émouvante, utile et forte. Je pense surtout rap quand on parle d’art engagé, mais en fait ça existe dans pleins d’autres genres. J’ai essayé d’en faire, à partir de sujets qui me touchent : je pense que la musique c’est engagé pour une cause, mais c’est forcément une cause qui te touche, c’est jamais vraiment extérieur à toi. Donc dans tous les cas, la musique intime c’est aussi une musique engagée, en soi.
Je pense que l’engagement de la musique se joue ailleurs aussi, comme dans tous les arts. Moi j’ai pas mal de difficulté à voir « l’utilité » de faire de la musique, de faire de l’art. C’est engagé dans le simple fait de contribuer à la richesse culturelle.
En clair, tu penses que faire vivre l’art c’est déjà un engagement ?
Exactement.
Enfin, résume ta musique en trois mots.
VÉRITÉ, NOSTALGIE, EXPERIENCE.